lundi 6 août 2007

Chapitre 27: L’ultime cachette

Chapitre 27
L’ultime cachette


Il n’y avait pas moyen de manoeuvrer. Le dragon ne pourrait pas voir où il allait et
Harry savait que s’il tournait brusquement ou s’il roulait entre le ciel et terre, ils leur
seraient impossible de se cramponner à son large dos. Toutefois, comme ils
grimpaient de plus en plus haut, Londres défilait en dessous d’eux telle une carte
géographique teintée de gris et de vert.
Harry ressentit un sentiment irrésistible de gratitude pour une fuite qui paraissait
impossible. Tapi en bas du cou de la bête, il se cramponna à l’échelle métallique
tendue et la brise fraîche calma la douleur qui émanait de sa peau brûlée et couverte
de cloques, les ailes du dragon battant l’air comme les voiles d’un moulin à vent.
Derrière lui, il ne pouvait dire si les autres passagers ressentaient de la crainte ou du
plaisir. Ron continuait de jurer à tue-tête et Hermione semblait sangloter.
Après environ cinq minutes, Harry ne ressentait autant se sentiment d’effroi qu’il
avait eu à la pensée que le dragon pouvait les jeter par-dessus-bord (se débarrasser
d’eux en plein vol) car il semblait que celui-ci était absorbé par l’intention de
s’éloigner le plus possible de sa prison souterraine ; mais la question de savoir quand
et comment ils devraient mettre pied à terre demeurait, devenant de plus en plus
effrayante.
Harry n’avait aucune idée de combien de temps les dragons pouvaient voler sans
atterrir, ni comment ce dragon en particulier, qui pouvait à peine voir, localiserait une
bonne place pour se poser. Il jetait constamment de rapides coups d’oeil autour de lui,
sentant sous lui les piquants de son siège. Combien de temps s’écoulerait-il avant que
Voldemort sache qu’ils avaient fait irruption dans la chambre forte des Lestranges ?
Quand les Gobelins de chez Gringotts allaient-ils avertir Bellatrix ? Quand
réaliseraient-ils ce qui leur avait été volé ? Et ensuite, lorsqu’ils auraient découvert
que la coupe d’or manquait ? A ce moment là, Voldemort saurait enfin qu’ils
chassaient les Horcruxes.
Le dragon semblait solliciter de l’air plus frais et plus froid. Fermement, il s’éleva
jusqu’à ce qu’ils volent à travers des rubans de nuages froids et Harry ne pouvait plus
distinguer les petits points colorés que représentaient les voitures entrant et sortant de
la capitale, Londres.
Ils continuèrent de voler, survolant la région découpée en parcelles vertes et brunes,
passant au-dessus des routes et des rivières qui s’enroulaient dans le paysage telles
des rubans mats et glacés.
« Que croyez-vous qu’il cherche ? » hurla Ron alors qu’ils se dirigeaient plus au nord.
« Aucune idée ! » beugla Harry, à l’arrière.
Ses mains étaient engourdies par le froid mais il ne fit aucune tentative pour changer
de prise. Il se demandait depuis un petit temps ce qu’ils feraient lorsqu’ils
amorceraient une descente, si les plaies du dragon se refermeraient alors que celui-ci
avait froid et était engourdi (if the dragon healed… ?) pour ne pas mentionner que luimême
avait désespérément faim et soif. Pour finir, il se demandait quand la bête ellemême
avait pris son dernier repas. Il aurait sûrement besoin de nourriture d’ici peu de
temps ? Lorsqu’il serait arrivé à ce point-là, il pourrait réaliser qu’il transportait, assis
sur son dos, trois humains fortement comestibles.
Le soleil glissait plus bas dans le ciel qui prenait une teinte indigo, et pendant que le
dragon volait, des villages défilaient en-dessous d’eux, son ombre gigantesque se
projetant sur la terre comme un énorme nuage sombre.
Chaque partie du corps de Harry était douloureuse à cause des efforts qu’il avait
fournis pour se maintenir accroché.
« Est-ce mon imagination, » cria Ron après une période considérable de silence, « ou
nous perdons de l’altitude ? ».
Harry regarda en bas et vit de profondes montagnes vertes ainsi que des lacs à la
surface rendue cuivrée par le coucher du soleil. Le paysage semblait grandir et
devenait plus détaillé à mesure qu’il regardait du coin de l’oeil par-dessus les côtés du
dragon et il se demanda si celui-ci avait deviné la présence d’eau fraîche par les
flashes lumineux que reflétait sa surface, sous l’influence du soleil.
Le dragon volait de plus en plus bas, en décrivant de grands cercles, vers un des plus
petits lacs.
« Nous devons sauter lorsqu’il sera assez bas » lança Harry en direction des autres, «
directement dans l’eau avant qu’il réalise que sous sommes ici ! »
Ils approuvèrent, Hermione un peu plus faiblement que Ron, et maintenant, Harry
pouvait voir le large bas-ventre jaune du dragon onduler à la surface de l’eau.
« MAINTENANT ! » cria-t-il.
Il glissa sur le côté du dragon et tomba en chute libre sur la surface du lac; la chute
était plus longue que ce qu’il avait estimé et il frappa l’eau violemment, plongeant
comme une pierre dans un monde glacé, vert et empli de roseaux. Il donna un coup de
pied afin de remonter vers la surface et émergea, haletant, pour voir émaner de l’eau
les cercles indiquant les endroits où Ron et Hermione étaient tombés. Le dragon ne
semblait pas avoir remarqué quoi que se soit ; il se trouvait à cinquante pieds de là
piquant sur le lac pour plonger dans l’eau son museau traumatisé. Comme Hermione
et Ron émergeaient, crachotant et suffocant, des profondeurs du lac, le dragon volait,
ses ailes battant fermement, et atterrit enfin sur une rive éloignée.
Harry, Ron et Hermione s’élancèrent vers le rivage opposé. Le lac ne semblait pas
être profond. A présent, il n’était plus question pour eux de se frayer un passage à
travers les roseaux et la boue que de nager et ils s’effondrèrent, détrempés, haletants
et épuisés, sur l’herbe glissante.
Hermione s’écroula, toussant et frissonnant.
Bien que Harry pouvait, à présent, se coucher et dormir, il sauta sur ses pieds, agita sa
baguette magique et commença à lancer les charmes protecteurs habituels. Lorsqu’il
eut terminé, il se joignit aux autres. C’était la première fois qu’il pouvait les voir de
nouveau correctement après l’évasion de la chambre forte. Tous deux avaient de
vilaines brûlures sur le visage et les bras, et leurs vêtements étaient brûlés par
endroits.
Ils tressaillirent lorsqu’ils appliquèrent en tamponnant, de l’essence de dittany sur
leurs blessures. Hermione tendit le flacon à Harry et sortit trois bouteilles de jus de
citrouille qu’elle avait rapporté de la maison de campagne de Shell, ainsi que des
peignoirs propres et secs pour chacun d’eux. Ils se changèrent et ensuite, engloutirent
leurs jus.
« Bien ! D’un côté… », Dit finalement Ron, qui était assis et observait la peau de ses
mains se régénérer, « nous avons obtenu l’Horcruxe. Mais de l’autre côté … »
« Aucune épée » répondit Harry dans un grincement de dents, alors qu’il faisait couler
goute à goute de l’essence de dittany à travers le trou brûlé de son jeans pour atteindre
les brûlures qui se trouvaient en-dessous de celui-ci.
« Aucune épée. » répéta Ron. « Ce petit salaud de faux-jeton… »
Harry tira l’Horcruxe de la poche de sa veste humide et venait juste de le déposer sur
l’herbe, en face d’eux. Scintillant au soleil, il se reflétait dans leurs yeux pendant
qu’ils sirotaient leur jus.
« Au moins, nous ne pouvons pas faire l’usage de ça cette fois, cela semblerait un peu
bizarre, avec ce qui pend au-dessus de nos têtes » dit Ron, en s’essuyant la bouche du
revers de la main.
Hermione regarda de l’autre côté du lac, sur la rive lointaine où le dragon buvait
toujours.
« Pensez-vous qu’il y arrive ? » demanda-t-elle « Est-ce qu’il sera bien là-bas ? »
« On dirait Hagrid » dit Ron exaspéré.
« C’est un dragon, Hermione, il peut se débrouiller seul. Nous devrions plutôt nous
inquiéter pour nous ! » Ajouta-t-il.
« Que veux-tu dire ? » s’inquiéta Hermione.
« Et bien, je ne sais pas comment vous l’annoncer, » dit Ron, « mais je pense qu’ils
pourraient avoir remarqué que nous avons fait irruption chez Gringotts. ».
Tous trois se mirent à rire, et une fois commencé, il leur était difficile d’arrêter.
Harry en avait mal aux côtes, il se senti étourdi tellement il avait faim, mais il se
laissa tomber dans l’herbe sous le ciel rougeoyant et ri jusqu’à ce que sa gorge lui
fasse mal.
« Qu’allons-nous faire, alors ? » dit finalement Hermione en hoquetant lorsqu’elle
redevint sérieuse.
« Il saura n’est-ce pas ? Vous-Savez-Qui saura que nous connaissons l’existence des
Horcruxes ! »
« Peut-être n’oseront-ils pas le lui annoncer ! » dit Ron avec bon espoir, « peut-être
qu’ils le lui cacheront. »
Soudain, le ciel disparut ainsi que l’odeur du lac, et même le son de la voix de Ron
s’éteignit. Une douleur foudroya la tête d’Harry comme un coup d’épée. Il se retrouva
debout dans une pièce vaguement éclairée, et des Mangemorts étaient placés en demicercle
face à lui. A ses pieds tremblait un petit personnage à genoux.
« Que dis-tu ? » Sa voix était haute et froide mais la fureur et la crainte brûlaient en
lui car c’était une chose qu’il avait redouté, mais cela ne pouvait être vrai, il ne
comprenait pas comment ça l’aurait pu…
Le gobelin tremblait, incapable de croiser du regard les yeux rouges fixés sur lui.
« Redit-le moi ! » siffla Voldemort, « dit le encore ! »
« Mon…Mon seigneur, » balbutia le Gobelin, ses yeux noirs écarquillés par la terreur.
« Mmm.. m…Mon seigneur, … nous … nous avons ess…essayé de … de les
s..s….de les stopper…Mon seigneur, les Impo..Les imposteurs… ont … ont fait
irruption dans la ch…chambre forte des Lestranges… »
« Imposteurs ? » l’interrompit Voldemort, « Quels Imposteurs ? Je pensais que
Gringotts avait les moyens de repérer les imposteurs !!! Qui étaient-ils ? ».
« C’était … c’était le garçon P…P…Potter et… ses deux complices. » bégaya le
Gobelin.
« Et ils ont pris … ? » dit-il en attendant la suite, sa voix augmentant, et une crainte
épouvantable le saisissant.
« Dis-moi ! Qu’ont-ils pris ? »
« La… la coupe d’or Mon Seigneur. »
Un cri de rage et de refus s’échappa de lui. Il devint fou, frénétique, ça ne pouvait être
vrai, c’était impossible, personne ne connaissait son secret. Comment se faisait-il que
le garçon l’ait découvert ?
La baguette aînée claqua dans l’air et un rayon de lumière verte traversa la pièce ; Le
gobelin à genoux tomba mort.
Les Mangemorts qui virent la scène se dispersèrent terrifiés.
Bellatrix et Lucius Malfoy projetèrent les autres derrière eux dans leur course vers la
sortie et, à maintes reprises, leurs baguettes tombèrent.
Tous ceux qui étaient présents étaient massacrés. Tous ceux qui lui avaient apporté
l’information, tous ceux qui avaient entendu l’histoire de la coupe étaient morts.
Seul parmi les morts, il marcha bruyamment en repensant aux évènements : Ses
trésors, ses sauvegardes, ses espoirs pour l’immortalité. Le journal avait été détruit, et
la coupe volée. Et si le garçon connaissait les autres ? Pourrait-il les connaître, avait-il
déjà agi, en avait-il découvert d’autres ?
Dumbledore était-il à la tête de tout cela ?
Dumbledore qui l’avait toujours suspecté, mort par ses ordres.
Dumbledore, dont la baguette magique lui appartenait maintenant, qui avait cependant
réussis à préserver le garçon d’une mort ignominieuse, le Garçon –
Mais évidement, si le garçon avait détruit n’importe lequel de ses Horcruxes, lui,
Lord Voldemort, aurait-il su, aurait-il senti ?
Lui, le magicien le plus grand d’entre eux tous, lui le plus puissant, lui l’assassin de
Dumbledore et de plusieurs autres hommes sans valeur, inconnu.
Comment Lord Voldemort ne pourrait pas avoir su, si lui-même le plus important et
précieux, avait été attaqué, mutilé ?
C’est vrai, il n’avait pas senti la destruction du journal, mais il avait pensé que c’était
dû au fait qu’il n’y avait aucun corps qui était tombé, c’était moins qu’un fantôme…
Non ! Les autres Horcruxes étaient certainement saufs…
Les autres Horcruxes doivent être intactes.
Mais il lui fallait savoir, il devait en être sûr…
Il arpenta la pièce, donnant un coup de pied au cadavre du gobelin lorsqu’il arriva à sa
hauteur, et les images devinrent floues et se consumèrent dans son cerveau
bouillonnant : le lac, le manoir, Poudelard.
Maintenant, sacolère s’apaisa un peu. Comment le garçon pourrait savoir qu’il avait
caché l’anneau dans le manoir des Gaunts.
Personne n’a jamais connu le rapport entre Gaunt et lui-même, de plus, il lui avait
modifié ses souvenirs personne ne pourrait faire le lien entre le meurtre et lui-même.
L’anneau est certainement en sûreté.
Et comment le garçon, ou qui que ce soit d’autre, connaîtrait l’existence de la
caverne, ou même comment passerait-il les protections ?
L’idée du médaillon volé était absurde….Quand à l’école, lui seul connaissait
l’endroit où il avait caché l’Horcruxe car lui seul avait découvert les secrets les plus
profonds de cet endroit… De plus, il avait toujours Nagini, qui devrait rester proche
de lui maintenant, il ne devrait plus l’envoyer accomplir ses ordres, … il devrait rester
sous sa protection.
Mais pour être sûr, pour être tout à fait sûr, il lui fallait retourner à chacune de ses
cachettes, il devait doubler la protection de chacun des Horcruxes… Un travail qu’il
devait entreprendre seul comme la recherche de la Baguette Aînée… Lequel devrait-il
contrôler en premier lieu, lequel était le plus en danger ?
Il sentit un vieux malaise lui revenir. Dumbledore avait connu son deuxième
prénom… Avait-il pu faire le rapprochement avec Gaunts ? Leur manoir était peutêtre
la cachette la moins sûr… Oui… c’était là qu’il irait d’abord…
Pour le lac, … c’est sûrement impossible … quoi qu’il pourrait y avoir une petite
possibilité que Dumbledore ait connu certains de ses méfaits passés, grâce à
l’orphelinat.
Quand à Poudlard… Mais il savait que son Horcruxe était en sécurité là-bas ; ce serait
impossible pour Potter de pénétrer à Préau lard sans se faire repérer, et cela sans
parler de l’école.
Néanmoins, il serait plus prudent d’alerter Rogue du fait que le garçon pourrait
essayer d’entrer dans le château… dire à Rogue pourquoi le garçon pourrait retourner
là-bas serait idiot, bien sûr.
Ca avait été une erreur grave d’avoir fait confiance à Bellatrix et Malfoy. Leurs
stupidités et négligences prouvaient qu’il avait été imprudent. Ne devrait-il plus
jamais avoir confiance en quelqu’un?
Alors, il irait d’abord au manoir Gaunts et prendrait Nagini avec lui.
Désormais, il ne se séparerait plus du serpent…
Il traversa à grands pas la pièce, le hall et enfin le jardin sombre où coulait la fontaine
;
Il appela le serpent en fourche langue et celui-ci ondula pour le rejoindre tel une
longue ombre…
Les yeux de Harry s’ouvrirent difficilement alors qu’il s’efforçait à revenir dans le
présent.
Il était allongé sur la rive du lac, sous le soleil couchant, Ron et Hermione ayant
baissé les yeux sur lui.
Il jugea par leur regard inquiet et par le martèlement continu de sa cicatrice, que son
excursion soudaine dans l’esprit de Voldemort n’était pas passée inaperçue.
Il se releva avec difficulté, frissonnant, vaguement étonné par l’humidité de sa peau,
et vit que la coupe s’était couchée innocemment dans l’herbe devant lui.
Il regarda le lac d’un bleu profond avec les reflets dorés du soleil couchant et dit : « Il
sait ! »
Sa propre voix lui sembla étrange et basse après les hauts cris perçant de Voldemort.
« Il sait et il va tous les vérifier, et le dernier,… » Il était de nouveau sur pied, « il est
à Poudlard, je le savais, je le savais ! »
« Quoi ? » dit Ron qui bâillait.
Hermione s’assit, le regard inquiet posé sur Harry.
« Mais qu’as-tu vu, comment le sais-tu ? »
« Je l’ai vu apprendre ce qui s’était passé avec la coupe. Je… J’étais dans sa tête ;…
Il était… »-Harry se souvînt du massacre- « Il était sérieusement fâché et effrayé
aussi, il ne comprenait pas comment nous avions connu son secret et maintenant, il va
vérifier la protection des autres Horcruxes en commençant par l’anneau. Il pense que
celui de Poudlard est en sûreté parce que Rogue s’y trouve et aussi parce que ce sera
dur d’y pénétrer sans se faire détecter. Je pense qu’il vérifiera celui-là en dernier lieu,
mais il pourrait arriver là-bas dans quelques heures. »
« As-tu vu où se situe l’Horcruxe dans Poudlard ? » demanda Ron, qui se remit aussi
sur ses pieds.
« Non, il était concentré pour avertir Rogue. Il n’a pas pensé à l’endroit où se trouvait
»
« Attendez, attendez ! » cria Hermione alors que Ron attrapais l’Horcruxe et que
Harry récupérait de nouveau la cape d’invisibilité.
« On ne peut pas y aller comme ça, on a aucun plan, et on en a besoin. »
« Nous devons y aller, » dit fermement Harry.
Il avait espérer dormir en allant se coucher dans la nouvelle tente, mais c’était
impossible maintenant.
« Pouvez-vous imaginer ce qu’il fera lorsqu’il réalisera que l’anneau et le médaillon
ont disparu ? Qu’il pourrait déplacer l’Horcruxe de Poudlard s’il estimait que ce
n’était plus un endroit sûr ? »
« Mais comment allons-nous entrer ? »
« Nous irons à Préaulard, » dit Harry, « et nous essayerons de mettre un plan au point
une fois que nous verrons quels sont les protections autour de l’école. Viens sous le
manteau, Hermione, je veux que cette fois-ci, nous nous collions l’un à l’autre »
« Mais nous ne pourrons pas nous cacher dans – » mais elle fut interrompue par Harry
:
« Il va faire sombre, personne ne verra nos pieds »
L’agitation d’énormes ailes se répercuta à travers l’eau noire du lac.
Le dragon avait terminé de boire et s’était élevé dans les aires.
Ils firent une pause dans leurs préparatifs pour le voir s’élever de plus en plus haut, tel
une tache noire dans le ciel qui s’assombrissait rapidement, jusqu’à ce qu’il disparu
derrière une montagne voisine.
Alors Hermione se mit en marche et pris sa place entre les deux, Harry referma la
cape autant qu’il pu et ensemble, ils tournèrent sur place dans l’obscurité devenue
écrasante.
Chapitre 28. Le Miroir Manquant.
Traduit par ??
Corrigé par Damenature86
Les pieds d’Harry touchèrent la route. Il vit la douloureuse et familière grand rue de
Pré-au-Lard: ses sombres vitrines, le brouillard des montagnes noires au dessus du
village, le tournant de la route qui menait vers Poudlard, la lumière qui filtrait au
travers des fenêtres des Trois Balais, et soudain, il se rappela avec une précision
effrayante comment il avait atterri ici presque une année auparavant, soutenant un
Dumbledore incroyablement faible, tout ça dans une seconde, à l'atterrissage – et
alors, au moment même ou il relâchait les bras de Ron et Hermione, quelque chose se
passa.
L'air fut déchiré par un hurlement qui ressemblait à celui de Voldemort quand il avait
découvert que la coupe avait été volée: il lacérait chaque nerf dans le corps de Harry,
et il savait que c'était leur apparition qui l'avait causé. Au moment où il regardait les
deux autres sous la cape, la porte des Trois Balais s'ouvrit en grand et des
Mangemorts enveloppés de capes s'élancèrent dans la rue, leur baguettes levées.
Harry saisit le poignet de Ron alors qu'il levait la sienne; il y en avait trop pour
s'enfuir, et un seul essai aurait révélé leur position. Un des Mangemorts haussa sa
baguette, et le cri cessa, faisant toujours écho dans les montagnes distantes.
- Accio Cape! rugit un des Mangemorts.
Harry attrapa les coins de la cape, mais elle ne tenta pas de s'échapper. Le sortilège
d'Attraction n'avait pas fonctionné sur elle.
- T'es pas en dessous de ta couverture, alors, Potter? brailla le Mangemort qui avait
lancé le sortilège, avant de dire à ses compagnons: déployez-vous. Il est là.
Six Mangemorts se précipitèrent vers eux: Harry, Ron et Hermione reculèrent aussi
rapidement que possible pour atteindre la rue d'à côté, et les Mangemorts les ratèrent
de peu. Ils attendirent dans la pénombre, écoutant les pas précipités, les éclairs de
lumières qui volaient le long de la rue, provenant des baguettes des Mangemorts.
- Partons, murmura Hermione. Il faut transplaner maintenant!
- Bonne idée, dit Ron, mais avant que Harry ne puisse répondre, un Mangemort cria:
- On sait que t'es là, Potter, tu n'as aucune chance de t'échapper! On te trouvera!
- Ils nous attendaient, murmura Harry. Ils ont lancé un sortilège qui les avertissait de
notre arrivée. Je suppose qu'ils ont préparé quelque chose pour nous piéger...
- Et les Détraqueurs? demanda un autre Mangemorts. Libérons-les, ils les trouveront
rapidement!
- Le Seigneur des Ténèbres veut tuer Potter de ses propres m....
- Et les Détraqueurs ne le tueront pas! Le Seigneur des Ténèbres veut la vie de Potter,
pas son âme. Ça sera plus facile de le tuer s'il a subi le Baiser avant!
Il y eut des bruits d'approbation. Harry fut rempli d'horreur: s'ils faisaient appel aux
Détraqueurs, ils devraient produire des Patronus qui les révèleraient immédiatement.
- On doit essayer de transplaner, Harry! murmura Hermione.
Alors qu'elle disait ça, il sentait un froid anormal s'abattre sur la rue. La lumière
diminua autour d'eux alors que les étoiles disparaissaient. Dans le noir total, Harry
sentit Hermione prendre son bras et s'apprêter à transplaner.
L'air au travers duquel ils devaient voyager semblait être devenu solide: ils ne
pouvaient pas transplaner: les Mangemorts avaient lancé des sortilèges pour les en
empêcher. Le froid mordait de plus en plus la chair de Harry. Lui, Ron et Hermione
se reculèrent dans la rue d'à côté, marchant contre le mur en essayant de ne pas faire
de bruits. Puis, au coin de la rue, glissant sans bruit, surgissent les Détraqueurs, dix ou
plus, visibles parce qu'ils étaient d'un noir plus dense que les environs, avec leurs
capes noires et leurs mains pleines de croûtes et de pourritures. Pouvaient-ils sentir la
peur à proximité? Harry en était certain: ils semblaient arriver plus rapidement à
présent, en prenant ces respirations lourdes et vibrantes que Harry détestait, savourant
la douleur dans l'air, se rapprochant de ...
Il leva sa baguette: il ne pouvait, il n'accepterait pas l'idée de subir le Baiser des
Détraqueurs, peu importe ce qui se passerait ensuite. Ce fut à Ron et Hermione qu'il
pensa quand il murmura: Expecto Patronum!
Le cerf argenté jaillit de sa baguette et chargea: les Détraqueurs se dispersèrent, et
quelqu'un hors de vue lança un cri triomphant:
- C'est lui, juste là, j'ai vu son Patronus, c'était un cerf !
Les Détraqueurs s'étaient retirés, les étoiles brillaient à nouveau, et le son des pas des
Mangemorts devenait plus fort; mais avant que Harry, dans sa panique, ne se décide à
faire quelque chose, il y eut un grincement qui semblait proche, une porte s'ouvrit sur
le côté gauche de la rue étroite, et voix rude dit:
- Potter, par ici, vite!
Il obéit sans hésitation, et tous les trois se précipitèrent par la porte ouverte.
- En haut, gardez la cape, restez silencieux! murmura une grande silhouette, en les
faisant passer dans le couloir et en claquant la porte derrière eux.
Harry ne savait pas du tout où ils se trouvaient, mais maintenant qu'il y voyait plus
clair grâce à la flamme vacillante d'une bougie, il reconnu l'intérieur crasseux, plein
de poussières de la Tête de Sanglier. Ils coururent derrière le comptoir et traversèrent
un deuxième couloir, qui menait à un escalier en bois, qu'ils grimpèrent aussi vite
qu'ils le purent. Les escaliers donnaient sur un salon avec un tapis usé et une petite
cheminée, au dessus de laquelle se tenait un simple tableau représentant une fille
blonde qui regardait la pièce avec une sorte de douceur distraite.
Des cris se firent entendre de la rue en bas. Toujours sous la cape d'Invisibilité, ils
s'approchèrent rapidement de la fenêtre et regardèrent en bas. Leur sauveur, que
Harry reconnaissait comme le Barman de la Tête de Sanglier, était la seule personne
qui ne portait pas de capuchon.
- Et alors? braillait-il à l'un des hommes encapuchonnés. Et alors? Vous envoyez des
Détraqueurs dans ma rue, je leur envoie un Patronus! Je refuse qu'ils s'approchent de
moi, je vous l'ai dit. Je refuse!
- Ce n'était pas votre Patronus, dit un Mangemort. C'était un cerf. C'était celui de
Potter!
- Un cerf ! rugit le barman, alors qu'il sortait sa baguette. Un cerf! Espèce d'idiot –
Expecto Patronum!
Quelque chose d'énorme jaillit de sa baguette. La tête baissée, il chargea vers la
grande rue, puis disparu.
- Ce n'est pas ce que j'ai vu, dit le Mangemort, bien qu'il semblait moins certain.
- Le couvre-feu n'a pas été respecté, vous avez entendu le bruit, dit un de ses
camarades au barman. Quelqu'un était dehors dans la rue, contre nos régulations.
- Si je veux sortir mon chat, je le ferai, et allez au diable, avec votre couvre-feu!
- C'est vous qui avait déclenché le sortilège de Miaule-chat?
- Et si c'était le cas? Vous allez m'envoyer à Azkaban? Me tuer pour avoir mis mon
nez dehors sur le pas de ma porte? Faites-le, alors, si vous voulez! Mais j'espère pour
vous que vous n'avez pas appuyé sur la Marque des Ténèbres, et que vous ne l'avez
pas appelé. Il ne va pas aimer être appelé ici pour moi et mon chat, n'est-ce pas?
- Ce n'est pas à propos de nous que vous devriez vous inquiéter, dit l'un des
Mangemorts, mais à propos de vous, dehors après le couvre-feu!
- Et où allez-vous faire votre trafic de potions et de poisons quand mon bar sera
fermé? Qu'est-ce qu'elle deviendra, votre activité secondaire, à ce moment là?
- Vous nous menaçez...?
- Je n'ai jamais rien dit à propos de tout ça, c'est la raison pour laquelle vous venez
ici, n'est-ce pas?
- Je continue à dire que j'ai vu un Patronus de cerf! cria le premier Mangemort.
- Cerf? rugit le barman. C'était une chèvre, idiot!
- Très bien, nous avons fait une erreur, dit le deuxième Mangemort. La prochaine fois
que vous ne respecterez pas le couvre-feu, on ne sera plus aussi indulgents!
Les Mangemorts retournèrent vers la Grande Rue. Hermione gémit de soulagement,
s'extirpa de sous la cape, et s'assit sur un fauteuil aux pieds vacillants. Harry laissa
tomba le rideau puis enleva la cape qui les masquait lui et Ron. Il pouvait entendre le
barman, à l'étage d'en dessous, reclaquer la porte du bar, puis monter les escaliers.
L'attention de Harry fut attirée par quelque chose qui était posé sur la cheminée: un
petit miroir rectangulaire, juste en dessous du portrait de la petite fille.
Le barman entra dans la pièce.
- Espèces de fous, dit-il d'un ton bourru, son regard se posant en alternance sur les
trois. À quoi est-ce que vous pensiez, venir ici?
- Merci, dit Harry. Je ne pourrais pas assez vous remercier. Vous nous avez sauvé la
vie!
Le barman grogna. Harry s'approcha en regardant son visage: essayant de voir en
dessous de la longue barbe grise effilée. Il portait des lunettes. Derrières les verres
sales, ses yeux étaient d'un bleu brillant, perçant.
- C'est votre oeil que j'ai vu dans le miroir.
Il y eut un silence dans la pièce. Harry et le barman se regardaient.
- Vous avez envoyé Dobby.
Le barman acquiesça et chercha autour de lui l'elfe.
- Je pensais qu'il serait avec vous. Où l'avez vous laissé?
- Il est mort, répondit Harry. Bellatrix Lestrange l'a tué.
Le visage du barman était impassible. Après un moment, il dit:
- Je suis désolé de l'entendre. J'aimais beaucoup cet elfe.
Il se détourna et alluma les lumières avec un mouvement de sa baguette, sans les
regarder.
- Vous êtes Aberforth, dit Harry dans son dos.
Il ne le confirma pas plus qu'il ne le nia, mais se pencha pour allumer le feu.
- Comment avez vous obtenu ceci? demanda Harry en s'approchant du miroir de
Sirius, le jumeau de celui qu'il avait brisé presque deux ans auparavant.
- L'ai acheté à Dung y'a un an environ, dit Aberforth. Albus m'avait dit ce que c'était.
J'essayais de garder un oeil sur vous.
Ron haleta.
- La biche argentée! dit-il d'une voix excitée. C'était vous aussi?
- De quoi tu parles? demanda Aberforth.
- Quelqu'un nous a envoyé un Patrnous de biche!
- Avec un cerveau comme celui là, tu pourrais être un Mangemort, mon garçon. Estce
que je ne viens pas juste de prouver que mon Patronus était une chèvre?
- Oh, dit Ron. Ouais... eh bien, j'ai faim! ajouta-t-il sur un ton défensif, et son estomac
eut un énorme gargouillis.
- J'ai de la nourriture, dit Aberforth, et il sorti de la pièce, revenant peu de temps
après avec un grand pain, du fromage et un pichet d'étain, qu'il mit sur la petite table
devant le feu. Ravis, ils mangèrent et burent, et pendant un moment, aucun bruit ne
troubla le silence à part le craquement du feu, le tintement des verres et le bruit de
mastication.
- Très bien, dit Aberforth, quand ils eurent mangé à leur faim, et Harry et Ron se
laissèrent lourdement tomber dans une chaise. Nous devons réfléchir au meilleur
moyen de vous sortir de là. Ça ne peut pas être pendant la nuit, vous avez entendu ce
qui arrive si quelqu'un sort dans la pénombre: le sortilège de Miaule-Chat se
déclenche, et il se précipitent comme des Botrucs sur des oeufs de Doxys. Je ne pense
pas qu'ils seront capable de confondre un cerf avec une chèvre la fois prochaine.
Attendez le jour, quand il n'y a pas de couvre-feu, puis vous remettrez votre cape et
vous sortirez à pied. Partez de Pré-au-Lard, allez dans les montagnes, et de là, vous
serez sans doute capable de transplaner. Vous devriez croiser Hagrid. Il se cache
dans une cave avec Graup depuis qu'ils ont essayé de l'arrêter.
- On ne part pas, dit Harry. On doit aller à Poudlard.
- Ne sois pas stupide, mon garçon, dit Aberforth.
- On doit y aller, insista Harry.
- Ce que vous devez faire, dit Aberforth, c’est de partir aussi loin d'ici que vous le
pouvez.
- Vous ne comprenez pas. Il n'y a plus beaucoup de temps. On doit entrer dans le
château. Dumbledore – je veux dire, votre frère – voulait qu'on...
La lumière du feu rendit les verres des lunettes d'Aberforth momentanément opaques,
un grand reflet blanc, et Harry se rappela les yeux aveugles de l'araignée géante,
Aragog.
- Mon frère Albus voulait beaucoup de choses, dit Aberforth, et les gens étaient
souvent blessés quand ils mettaient à exécution ses plans géniaux. Tu dois partir d'ici,
Potter, et sortir du pays si tu le peux. Oublie mon frère et ses projets futés. Il est parti
ou on ne pourra plus le blesser, et tu ne lui dois rien.
- Vous ne comprenez pas, répéta Harry.
- Ah, vraiment? dit Aberforth calmement. Tu penses que je ne comprenais pas mon
propre frère? Tu penses que tu le connais mieux que moi je l'ai connu?
- Je n'ai pas dit ça, dit Harry, qui avait l'impression que son cerveau était ralenti dû à
son épuisement, et dû à tout ce qu'il avait mangé et bu. Il m'a ... laissé un travail.
- Vraiment? dit Aberforth. Un bon travail, je suppose. Agréable? Facile? Le genre de
chose qu'un élève sorcier inexpérimenté serait capable de faire les doigts dans le
nez?
Ron eut un petit rire grinçant. Hermione avait l'air épuisée.
- C-ce n'est pas facile, non, dit Harry. Mais je dois...
- Tu dois? Pourquoi, tu dois? Il est mort, n'est-ce pas? dit Aberforth rudement. Laisse
tomber, mon garçon, avant de suivre ses traces. Sauve toi!
- Je ne peux pas.
- Pourquoi pas?
- Je...
Harry se sentait accablé; il ne pouvait pas expliquer, alors il attaqua à son tour.
- Mais vous vous battez, vous aussi, vous êtes dans l'Ordre du Phénix...
- J'étais, dit Aberforth. L'Ordre du Phénix n'existe plus. Tu-Sais-Qui a gagné, c'est
fini, et ceux qui prétendent le contraire tentent de ne pas voir la vérité. Ça ne sera
jamais sûr pour toi ici, Potter, il te désire trop. Alors pars, cache-toi, sauve-toi. Et tu
ferais mieux de prendre ces deux là avec toi, lança-t-il en désignant du pouce Ron et
Hermione. Il seront en danger toute leur vie maintenant que tout le monde sait qu'ils
travaillent avec toi.
- Je ne peux pas partir, dit Harry, j'ai un travail...
- Donne le à quelqu'un d'autre!
- Impossible. Ça doit être moi, Dumbledore m'a tout expliqué...
- Oh, il t'a tout expliqué? Et il t'a tout dit, il a été honnête avec toi?
Harry souhaitait de ton son coeur répondre "oui", mais d'une certaine façon, le mot ne
voulait pas franchir ses lèvres, et Aberforth sembla comprendre ce à quoi il était en
train de penser.
- Je connaissais mon frère, Potter. Il a appris de ma mère à garder des secrets. Des
secrets et des mensonges, c'est comme ça qu'on a grandi, et Albus... c'était naturel
pour lui.
Les yeux du vieil homme se posèrent sur le tableau de la fille sur la cheminée. C'était,
maintenant que Harry y prêtait attention, la seule image de la pièce. Il n'y avait
aucune photographie d'Albus Dumbledore, ni de personne d'autre.
- Mr Dumbledore, dit Hermione timidement, c'est votre soeur? Ariana?
- Oui, dit Aberforth laconiquement. Tu as lu Rita Skeeter, pas vrai, jeune fille?
Malgré le peu de lumière que diffusait le feu, il était clair que Hermione avait rougi.
- Elphias Doge nous en a parlé, dit Harry en tentant de rattraper Hermione.
- Ce vieux singe, murmura Aberforth en prenant une autre gorgée de vin. Il pensait
vraiment que le soleil brillait par tous les orifices de mon frère. Enfin, c'était le cas de
beaucoup de personnes, vous trois compris, apparemment.
Harry resta silencieux. Il ne voulait pas exprimer les doutes et les incertitudes à
propos de Dumbledore qui le taraudaient depuis quelques mois à présent. Il avait fait
son choix quand il avait gravé la tombe de Dobby, il avait décidé de continuer sur le
chemin dangereux et risqué que Dumbledore lui avait indiqué, d'accepter le fait qu'on
ne lui avait pas dit tout ce qu'il voulait savoir, mais qu'on lui avait fait confiance. Il
n'avait pas envie de douter à nouveau; il ne voulait pas entendre quelque chose qui
aurait pu le détourner de la voie qu'il avait choisie. Il rencontra les yeux d'Aberforth,
qui était si semblables à ceux de son frère: les yeux d'un bleu intense donnaient la
même impression de passer aux rayons X ce qu'ils étaient en train de scruter, et Harry
songeait qu'Aberforth savait à quoi il était en train de penser et qu'il le méprisait pour
cela.
- Le professeur Dumbledore se souciait vraiment de Harry, dit Hermione à voix basse.
- Vraiment? dit Aberforth. C'est amusant de voir que les gens dont ils se souciaient
ont terminé dans un plus mauvais état que s'il les avait laissés se débrouiller tout
seuls.
- Qu'est-ce que vous voulez dire? demanda Hemione d'une voix saccadée.
- Peu importe, répondit Aberforth.
- Mais c'est quelque chose de sérieux! dit Hermione. Est-ce que.... est-ce que vous
parlez de votre soeur?
Aberforth la fusilla du regard: ses lèvres bougèrent comme s'il était en train de
macher les mots qu'il voulait retenir. Puis il se mit à parler.
- Quand ma soeur avait six ans, elle fut attaquée par trois garçons Moldus. Ils l'avaient
vue faire de la magie dans le jardin, en l'espionnant à travers la haie du jardin. C'était
une enfant, elle ne pouvait pas le contrôler, aucun sorcier ne le peut à cet âge. Ce
qu'ils ont vus les a effrayés, je pense. Ils ont forcé leur chemin à travers la haie, et
quand ils ont découvert que ce n'était pas une supercherie, ils ont tenté d'arrêter le
monstre qui faisait ça.
Les yeux d'Hermione étaient immense à la lumière du feu, et Ron avait l'air
légèrement nauséeux. Aberforth se leva, aussi grand qu'Albus, et soudainement
terrible dans sa colère et dans l'intensité de sa douleur.
- Ce qu'ils ont fait l'a détruite: elle n'a plus jamais été la même. Elle ne voulait plus
utiliser la magie, mais elle ne pouvait pas s'en débarrasser; et finalement ça la rendit
folle, la magie explosait de ses mains quand elle ne pouvait pas la contrôler, et dans
ces moments, elle était étrange et dangereuse. Mais le plus souvent, elle était douce et
effrayée et elle ne voulait de mal à personne.
« Et mon père a cherché les bâtards qui avaient fait ça, dit Aberforth, et les a attaqués.
Et ils l'ont enfermé à Azkaban pour ça. Il n'avait jamais dit pourquoi il avait fait ça,
parce que le Ministère aurait su ce qu'Ariana était devenue, et elle aurait été enfermée
à Ste-Mangouste pour son bien. Ils l'auraient considérée comme une sérieuse menace
pour le Secret du Statut International, déséquilibrée comme elle l'était, avec la magie
qui explosait de ses mains quand elle ne pouvait plus le retenir.
« On devait la garder en sûreté et au calme. Nous avons déménagé, et fait croire
qu’elle était malade, et ma mère était sans cesse avec elle, et tentait de la garder calme
et heureuse.
« C’était moi, celui qu’elle préférait, dit-il, et alors qu’il disait ça, l’image d’un
écolier crasseux sembla poindre à travers les rides et la barbe d’Aberforth. Pas Albus,
il était toujours dans sa chambre quand il était à la maison, à lire des livres, à compter
ses prix, à entretenir sa correspondance avec "les noms des mages les plus célèbres de
l'époque" railla Aberforth. Lui ne voulait pas être embêté à s’occuper d’elle. Elle me
préférait. Je pouvais la faire manger quand ma mère n’y arrivait pas, je pouvais la
calmer quand elle était dans une de ses colères, et quand elle était calme, elle m’aidait
à nourrir les chèvres.
« Puis elle eut 14 ans... Vous voyez, je n’étais pas là, dit Aberforth. Si j’avais été là,
j’aurais pu la calmer. Elle a eu une de ses colères, et ma mère n’était pas aussi jeune
qu’elle, et... c’était un accident. Ariana ne pouvait pas se contrôler. Mais ma mère a
été tuée.
Harry ressenti un horrible mélange de pitié et de répulsion ; il ne voulait pas en
entendre plus, mais Aberforth continua à parler, et Harry se demanda combien de
temps s’était écoulé depuis la dernière fois qu’il avait raconté son histoire ; ou même
s’il l’avait jamais racontée.
- Et le tour du monde d’Albus avec le petit Doge fut annulé. Ils sont venus tous les
deux à la maison pour les funérailles de ma mère et Doge est parti tout seul, et Albus
a pris la tête de la famille. Ah !
Aberforth cracha dans le feu.
- J’aurais pu prendre soin d’elle, je lui ai dit, je me moquais de l’école, j’aurais pu
rester à la maison et m’occuper d’elle. Il m’a dit que je devais finir mes études et que
lui allait s’occuper d’elle. Ça tombait mal pour M. le Génie, il n’avait aucun prix à
recevoir pour s’occuper de sa soeur à demi-folle, à l’empêcher de faire exploser la
maison chaque jour. Mais il s’en tira bien pendant quelques semaines... jusqu’à ce
qu’il arrive.
A présent, un regard indéniablement dangereux gagnait le visage d’Aberforth.
- Grindelwald. Et enfin, mon frère avait un égal, il pouvait parler à quelqu’un d’aussi
talentueux que lui l’était. Et il s’occupa moins d’Ariana, si occupé qu’il était par leur
plan pour un nouvel ordre de sorciers, et leur recherche des Reliques, et toutes les
autres choses qui les intéressaient. Des grands projets pour faire avancer le monde
magique, et si une jeune fille était négligée, est-ce que ça comptait, puisqu’Albus
travaillait pour le Plus Grand Bien ?
« Mais après quelques semaines de tout ça, j’en avais assez, je ne pouvais plus le
supporter. C’était bientôt la rentrée à Poudlard pour moi, alors je leur ai dit, à tous les
deux, face à face, comme je suis face à toi en ce moment , » et Aberforth baissa les
yeux vers Harry, et celui-ci devait faire appel à son imagination pour le voir comme
un adolescent, nerveux et en colère, confontré à son grand frère. « Je lui ai dit, tu
ferais mieux d’arrêter maintenant. Tu ne peux pas la déplacer, elle n’est pas assez
forte pour ça ; vous ne pouvez pas la prendre avec vous, où que vous ayez l’intention
d’aller pour faire vos discours intelligents et vous créer des disciples. Il n’a pas aimé.
» dit Aberforth, et ses yeux furent brièvement cachés par la lumière du feu sur les
verres de ses lunettes, qui devinrent blancs et aveugles à nouveau. « Grindelwald n’a
pas aimé du tout. Il s’est mis en colère. Il m’a dit que j’étais un petit garçon stupide, à
essayer de barrer la route à lui et à mon brillant frère... Est-ce que je ne comprenais
pas que ma pauvre soeur n’aurait plus à se cacher une fois qu’ils auraient changé le
monde, et tiré les sorciers de l’ombre, et qu’ils auraient remis les Moldus à leur place
?
« Et il y a eu une dispute... j’ai sorti ma baguette, il a sorti la sienne, et le meilleur ami
de mon frère m’a infligé le sortilège Doloris – et Albus essayait de l’arrêter, et nous
étions tous les trois en train de nous battre, et les flashs de lumière et les bruits l’ont
effrayée, elle ne pouvait pas le supporter...
La couleur quittait lentement le visage d’Aberforth, comme s’il avait subi une
blessure mortelle.
- ... Et je pense qu’elle voulait aider, mais elle ne savait pas vraiment ce qu’elle
faisait, et je ne sais pas lequel de nous l’a fait – ça aurait pu être n’importe lequel
d’entre nous – et elle était morte.
Sa voix se brisa sur le dernier mot et il se laissa tomber sur la chaise la plus proche.
Le visage d’Hermione était mouillé de larmes, et Ron était presque aussi pâle
qu’Aberforth. Harry ne ressentait rien d’autre que de la répulsion : il aurait voulu ne
pas entendre ça, il aurait voulu laver son esprit de ce qu’il savait à présent.
- Je suis... tellement désolée, murmura Hermione.
- Partie, crossa Aberforth. Partie pour toujours.
Il essuya son nez sur sa manche et s’éclaircit la gorge.
- Bien sûr, Grindelwald a filé sans demander son reste. Il avait déjà des antécédents,
de retour dans son pays, et il ne voulait pas être accusé du meurtre d'Ariana en plus.
Et Albus était libre, n’est-ce pas? Libre de la charge de sa soeur, libre de devenir le
plus grand sorcier du...
- Il n’a jamais été libre, dit Harry.
- Je te demande pardon ? dit Aberforth.
- Jamais, répondit Harry. La nuit ou votre frère est mort, il a bu une potion qui lui a
fait perdre l’esprit. Il a commencé à crier, à supplier quelqu’un qui n’était pas là. Ne
leur fais pas de mal, s’il te plaît... Blesse-moi à leur place.
Ron et Hermione fixaient Harry. Il n'était jamais entré dans les détails de ce qui était
survenu sur l'île sur le lac: ce qui s'était passé une fois que lui et Dumbledore étaient
revenus à Poudlard avaient éclipsé tout le reste.
- Il pensait qu'il était de retour à ce moment là avec vous et Grindelwald, je sais que
c'était ça, dit Harry en se rappelant Dumbledore murmurant et suppliant. Il pensait
qu'il regardait Grindelwald vous blesser, vous et Ariana... c'était une torture pour lui,
si vous l'aviez vu, vous n'auriez jamais dit qu'il était libre.
Aberforth sembla perdu dans la contemplation des veines de ses mains noueuses.
Après une longue pause, il dit:
- Comment peux-tu être sûr, Potter, que mon frère pas plus intéressé dans le Plus
Grand Bien qu'en toi? Comment peux-tu être sûr qu'il ne puisse pas se passer de toi,
comme de ma petite soeur?
Un pic de glace sembla percer le coeur de Harry.
- Je n'y crois pas. Dumbledore aimait Harry, dit Hermione.
- Pourquoi lui a-t-il dit de se cacher, alors? rétorqua Aberforth. Pourquoi est-ce qu'il
ne lui a pas dit "prends soin de toi, je vais te dire comment survivre" ?
- Parce que, dit Harry avant que Hermione ne puisse répondre, parfois vous devez
penser à autre chose qu'à votre propre sécurité! Parfois vous devez penser au Plus
Grand Bien! C'est la guerre!
- Tu as 17 ans, mon garçon!
- J'ai l'âge de me battre, et je continuerai à me battre même si vous abandonnez!
- Qui a dit que j'abandonnais?
- "L'Ordre du Phénix n'existe plus", répéta Harry, "Tu-Sais-Qui a gagné, c'est fini, et
ceux qui prétendent le contraire tentent de ne pas voir la vérité".
- Je ne dis pas que j'aime ça, mais c'est le cas!
- Non, c'est faux, dit Harry. Votre frère savait comment en finir avec Vous-Savez-
Qui, et il m'a transmis son savoir. Et je continuerai à me battre jusqu'à ce que je
réussisse – ou que je meure. N'imaginez pas que j'ignore comment ça se terminera. Je
le sais depuis des années.
Il attendit qu'Aberforth se moque de lui ou réponde avec colère, mais ce ne fut pas le
cas. Il bougea simplement.
- On doit entrer à Poudlard, dit Harry à nouveau. Si vous ne pouvez pas nous aider, on
attendra jusqu'au jour, on vous laissera tranquille, et on trouvera un moyen par nousmêmes.
Si vous pouvez nous aider – eh bien, c'est un bon moment pour le dire.
Aberforth resta assis dans sa chaise, fixant Harry avec ses yeux qui étaient tellement
semblables à ceux de son frère. Puis il s'éclaircit la gorge, se leva, contourna la petite
table et s'approcha du portrait d'Ariana.
- Tu sais quoi faire, dit-il.
Elle sourit, se détourna et s'éloigna, pas comme les personnages dans les tableaux
faisaient habituellement, d'un côté du tableau, mais vers ce qui semblait être un long
tunnel peint derrière elle. Ils regardèrent la petite silhouette rapetisser jusqu'à ce
qu'elle soit finalement avalée par la pénombre.
- Euh... que... commença Ron.
- Il n'y a plus qu'un passage, dit Aberforth. Vous devez savoir que des Détraqueurs
gardent tous les vieux passages secrets des deux côtés, font des patrouilles régulières
dans l'école, d'après ce que mes sources m'ont dit. Le lieu n'a jamais été aussi gardé.
Qu'est-ce que vous avez l'intention de faire, une fois que vous serez là-bas, avec
Rogue comme directeur et les Carrows comme députés? ...Enfin, c'est à vous de voir,
n'est-ce pas? Vous avez dit que vous étiez préparés à mourir.
- Mais que... dit Hermione en fronçant les sourcils devant le tableau d'Ariana.
Une minuscule tache blanche réapparut au fond du tunnel peint, et à présent Ariana
retournait vers eux, grandissant de plus en plus alors qu'elle arrivait. Mais il y avait
quelqu'un avec elle à présent, quelqu'un de plus grand qu'elle, qui boîtait et semblait
surexcité. Ses cheveux étaient plus long que Harry ne les avait jamais vus. Son visage
semblait couvert d'entrailles, et ses vêtements étaient lacérés et déchirés. Les deux
silhouettes devenaient de plus en plus grandes, jusqu'à ce que leurs têtes et leurs
épaules emplissent le portrait.
Puis le tout pivota contre le mur telle une petite porte, et l'entrée du vrai tunnel fut
révélée. Et avec sa figure lacérée, ses robes déchirées, en sorti le vrai Neville
Londubat, qui rugit de joie, bondit en dehors de la cheminée et brailla:
- Je savais que vous viendrez! Je le savais, Harry !

3 commentaires:

Anonyme a dit…

a quand le chapitre 28 ?

Anonyme a dit…

CHAPITRE 28

Le Miroir Manquant.

Les pieds d’Harry touchèrent la route. Il vit la douloureuse et familière grand rue de Pré-au-Lard: ses sombres vitrines, le brouillard des montagnes noires au dessus du village, le tournant de la route qui menait vers Poudlard, la lumière qui filtrait au travers des fenêtres des Trois Balais, et soudain, il se rappela avec une précision effrayante comment il avait atterri ici presque une année auparavant, soutenant un Dumbledore incroyablement faible, tout ça dans une seconde, à l'atterrissage – et alors, au moment même ou il relâchait les bras de Ron et Hermione, quelque chose se passa.
L'air fut déchiré par un hurlement qui ressemblait à celui de Voldemort quand il avait découvert que la coupe avait été volée: il lacérait chaque nerf dans le corps de Harry, et il savait que c'était leur apparition qui l'avait causé. Au moment où il regardait les deux autres sous la cape, la porte des Trois Balais s'ouvrit en grand et des Mangemorts enveloppés de capes s'élancèrent dans la rue, leurs baguettes levées.
Harry saisit le poignet de Ron alors qu'il levait la sienne; il y en avait trop pour s'enfuir, et un seul essai aurait révélé leur position. Un des Mangemorts haussa sa baguette, et le cri cessa, faisant toujours écho dans les montagnes distantes.
- Accio Cape! Rugit un des Mangemorts.
Harry attrapa les coins de la cape, mais elle ne tenta pas de s'échapper. Le sortilège d'Attraction n'avait pas fonctionné sur elle.
- T'es pas en dessous de ta couverture, alors, Potter? Brailla le Mangemort qui avait lancé le sortilège, avant de dire à ses compagnons: déployez-vous. Il est là.
Six Mangemorts se précipitèrent vers eux: Harry, Ron et Hermione reculèrent aussi rapidement que possible pour atteindre la rue d'à côté, et les Mangemorts les ratèrent de peu. Ils attendirent dans la pénombre, écoutant les pas précipités, les éclairs de lumières qui volaient le long de la rue, provenant des baguettes des Mangemorts.
- Partons, murmura Hermione. Il faut transplaner maintenant!
- Bonne idée, dit Ron, mais avant que Harry ne puisse répondre, un Mangemort cria:
- On sait que t'es là, Potter, tu n'as aucune chance de t'échapper! On te trouvera!
- Ils nous attendaient, murmura Harry. Ils ont lancé un sortilège qui les avertissait de notre arrivée. Je suppose qu'ils ont préparé quelque chose pour nous piéger...
- Et les Détraqueurs? demanda un autre Mangemorts. Libérons-les, ils les trouveront rapidement!
- Le Seigneur des Ténèbres veut tuer Potter de ses propres m....
- Et les Détraqueurs ne le tueront pas! Le Seigneur des Ténèbres veut la vie de Potter, pas son âme. Ça sera plus facile de le tuer s'il a subi le Baiser avant!
Il y eut des bruits d'approbation. Harry fut rempli d'horreur: s'ils faisaient appel aux Détraqueurs, ils devraient produire des Patronus qui les révèleraient immédiatement.
- On doit essayer de transplaner, Harry! Murmura Hermione.
Alors qu'elle disait ça, il sentait un froid anormal s'abattre sur la rue. La lumière diminua autour d'eux alors que les étoiles disparaissaient. Dans le noir total, Harry sentit Hermione prendre son bras et s'apprêter à transplaner.
L'air au travers duquel ils devaient voyager semblait être devenu solide: ils ne pouvaient pas transplaner: les Mangemorts avaient lancé des sortilèges pour les en empêcher. Le froid mordait de plus en plus la chair de Harry. Lui, Ron et Hermione se reculèrent dans la rue d'à côté, marchant contre le mur en essayant de ne pas faire de bruits. Puis, au coin de la rue, glissant sans bruit, surgissent les Détraqueurs, dix ou plus, visibles parce qu'ils étaient d'un noir plus dense que les environs, avec leurs capes noires et leurs mains pleines de croûtes et de pourritures. Pouvaient-ils sentir la peur à proximité? Harry en était certain: ils semblaient arriver plus rapidement à présent, en prenant ces respirations lourdes et vibrantes que Harry détestait, savourant la douleur dans l'air, se rapprochant de ...
Il leva sa baguette: il ne pouvait, il n'accepterait pas l'idée de subir le Baiser des Détraqueurs, peu importe ce qui se passerait ensuite. Ce fut à Ron et Hermione qu'il pensa quand il murmura: Expecto Patronum!
Le cerf argenté jaillit de sa baguette et chargea: les Détraqueurs se dispersèrent, et quelqu'un hors de vue lança un cri triomphant:
- C'est lui, juste là, j'ai vu son Patronus, c'était un cerf !
Les Détraqueurs s'étaient retirés, les étoiles brillaient à nouveau, et le son des pas des Mangemorts devenait plus fort; mais avant que Harry, dans sa panique, ne se décide à faire quelque chose, il y eut un grincement qui semblait proche, une porte s'ouvrit sur le côté gauche de la rue étroite, et voix rude dit:
- Potter, par ici, vite!
Il obéit sans hésitation, et tous les trois se précipitèrent par la porte ouverte.
- En haut, gardez la cape, restez silencieux! murmura une grande silhouette, en les faisant passer dans le couloir et en claquant la porte derrière eux.
Harry ne savait pas du tout où ils se trouvaient, mais maintenant qu'il y voyait plus clair grâce à la flamme vacillante d'une bougie, il reconnu l'intérieur crasseux, plein de poussières de la Tête de Sanglier. Ils coururent derrière le comptoir et traversèrent un deuxième couloir, qui menait à un escalier en bois, qu'ils grimpèrent aussi vite qu'ils le purent. Les escaliers donnaient sur un salon avec un tapis usé et une petite cheminée, au dessus de laquelle se tenait un simple tableau représentant une fille blonde qui regardait la pièce avec une sorte de douceur distraite.
Des cris se firent entendre de la rue en bas. Toujours sous la cape d'Invisibilité, ils s'approchèrent rapidement de la fenêtre et regardèrent en bas. Leur sauveur, que Harry reconnaissait comme le Barman de la Tête de Sanglier, était la seule personne qui ne portait pas de capuchon.
- Et alors? braillait-il à l'un des hommes encapuchonnés. Et alors? Vous envoyez des Détraqueurs dans ma rue, je leur envoie un Patronus! Je refuse qu'ils s'approchent de moi, je vous l'ai dit. Je refuse!
- Ce n'était pas votre Patronus, dit un Mangemort. C'était un cerf. C'était celui de Potter!
- Un cerf ! rugit le barman, alors qu'il sortait sa baguette. Un cerf! Espèce d'idiot – Expecto Patronum!
Quelque chose d'énorme jaillit de sa baguette. La tête baissée, il chargea vers la grande rue, puis disparu.
- Ce n'est pas ce que j'ai vu, dit le Mangemort, bien qu'il semblait moins certain.
- Le couvre-feu n'a pas été respecté, vous avez entendu le bruit, dit un de ses camarades au barman. Quelqu'un était dehors dans la rue, contre nos régulations.
- Si je veux sortir mon chat, je le ferai, et allez au diable, avec votre couvre-feu!
- C'est vous qui avait déclenché le sortilège de Miaule-chat?
- Et si c'était le cas? Vous allez m'envoyer à Azkaban? Me tuer pour avoir mis mon nez dehors sur le pas de ma porte? Faites-le, alors, si vous voulez! Mais j'espère pour vous que vous n'avez pas appuyé sur la Marque des Ténèbres, et que vous ne l'avez pas appelé. Il ne va pas aimer être appelé ici pour moi et mon chat, n'est-ce pas?
- Ce n'est pas à propos de nous que vous devriez vous inquiéter, dit l'un des Mangemorts, mais à propos de vous, dehors après le couvre-feu!
- Et où allez-vous faire votre trafic de potions et de poisons quand mon bar sera fermé? Qu'est-ce qu'elle deviendra, votre activité secondaire, à ce moment là?
- Vous nous menaçez...?
- Je n'ai jamais rien dit à propos de tout ça, c'est la raison pour laquelle vous venez ici, n'est-ce pas?
- Je continue à dire que j'ai vu un Patronus de cerf! cria le premier Mangemort.
- Cerf? rugit le barman. C'était une chèvre, idiot!
- Très bien, nous avons fait une erreur, dit le deuxième Mangemort. La prochaine fois que vous ne respecterez pas le couvre-feu, on ne sera plus aussi indulgents!
Les Mangemorts retournèrent vers la Grande Rue. Hermione gémit de soulagement, s'extirpa de sous la cape, et s'assit sur un fauteuil aux pieds vacillants. Harry laissa tomba le rideau puis enleva la cape qui les masquait lui et Ron. Il pouvait entendre le barman, à l'étage d'en dessous, reclaquer la porte du bar, puis monter les escaliers.
L'attention de Harry fut attirée par quelque chose qui était posé sur la cheminée: un petit miroir rectangulaire, juste en dessous du portrait de la petite fille.
Le barman entra dans la pièce.
- Espèces de fous, dit-il d'un ton bourru, son regard se posant en alternance sur les trois. À quoi est-ce que vous pensiez, venir ici?
- Merci, dit Harry. Je ne pourrais pas assez vous remercier. Vous nous avez sauvé la vie!
Le barman grogna. Harry s'approcha en regardant son visage: essayant de voir en dessous de la longue barbe grise effilée. Il portait des lunettes. Derrières les verres sales, ses yeux étaient d'un bleu brillant, perçant.
- C'est votre oeil que j'ai vu dans le miroir.
Il y eut un silence dans la pièce. Harry et le barman se regardaient.
- Vous avez envoyé Dobby.
Le barman acquiesça et chercha autour de lui l'elfe.
- Je pensais qu'il serait avec vous. Où l'avez vous laissé?
- Il est mort, répondit Harry. Bellatrix Lestrange l'a tué.
Le visage du barman était impassible. Après un moment, il dit:
- Je suis désolé de l'entendre. J'aimais beaucoup cet elfe.
Il se détourna et alluma les lumières avec un mouvement de sa baguette, sans les regarder.
- Vous êtes Aberforth, dit Harry dans son dos.
Il ne le confirma pas plus qu'il ne le nia, mais se pencha pour allumer le feu.
- Comment avez vous obtenu ceci? demanda Harry en s'approchant du miroir de Sirius, le jumeau de celui qu'il avait brisé presque deux ans auparavant.
- L'ai acheté à Dung y'a un an environ, dit Aberforth. Albus m'avait dit ce que c'était. J'essayais de garder un oeil sur vous.
Ron haleta.
- La biche argentée! dit-il d'une voix excitée. C'était vous aussi?
- De quoi tu parles? demanda Aberforth.
- Quelqu'un nous a envoyé un Patrnous de biche!
- Avec un cerveau comme celui là, tu pourrais être un Mangemort, mon garçon. Est-ce que je ne viens pas juste de prouver que mon Patronus était une chèvre?
- Oh, dit Ron. Ouais... eh bien, j'ai faim! Ajouta-t-il sur un ton défensif, et son estomac eut un énorme gargouillis.
- J'ai de la nourriture, dit Aberforth, et il sorti de la pièce, revenant peu de temps après avec un grand pain, du fromage et un pichet d'étain, qu'il mit sur la petite table devant le feu. Ravis, ils mangèrent et burent, et pendant un moment, aucun bruit ne troubla le silence à part le craquement du feu, le tintement des verres et le bruit de mastication.
- Très bien, dit Aberforth, quand ils eurent mangé à leur faim, et Harry et Ron se laissèrent lourdement tomber dans une chaise. Nous devons réfléchir au meilleur moyen de vous sortir de là. Ça ne peut pas être pendant la nuit, vous avez entendu ce qui arrive si quelqu'un sort dans la pénombre: le sortilège de Miaule-Chat se déclenche, et il se précipitent comme des Botrucs sur des oeufs de Doxys. Je ne pense pas qu'ils seront capables de confondre un cerf avec une chèvre la fois prochaine. Attendez le jour, quand il n'y a pas de couvre-feu, puis vous remettrez votre cape et vous sortirez à pied. Partez de Pré-au-Lard, allez dans les montagnes, et de là, vous serez sans doute capable de transplaner. Vous devriez croiser Hagrid. Il se cache dans une cave avec Graup depuis qu'ils ont essayé de l'arrêter.
- On ne part pas, dit Harry. On doit aller à Poudlard.
- Ne sois pas stupide, mon garçon, dit Aberforth.
- On doit y aller, insista Harry.
- Ce que vous devez faire, dit Aberforth, c’est de partir aussi loin d'ici que vous le pouvez.
- Vous ne comprenez pas. Il n'y a plus beaucoup de temps. On doit entrer dans le château. Dumbledore – je veux dire, votre frère – voulait qu'on...
La lumière du feu rendit les verres des lunettes d'Aberforth momentanément opaques, un grand reflet blanc, et Harry se rappela les yeux aveugles de l'araignée géante, Aragog.
- Mon frère Albus voulait beaucoup de choses, dit Aberforth, et les gens étaient souvent blessés quand ils mettaient à exécution ses plans géniaux. Tu dois partir d'ici, Potter, et sortir du pays si tu le peux. Oublie mon frère et ses projets futés. Il est parti ou on ne pourra plus le blesser, et tu ne lui dois rien.
- Vous ne comprenez pas, répéta Harry.
- Ah, vraiment? dit Aberforth calmement. Tu penses que je ne comprenais pas mon propre frère? Tu penses que tu le connais mieux que moi je l'ai connu?
- Je n'ai pas dit ça, dit Harry, qui avait l'impression que son cerveau était ralenti dû à son épuisement, et dû à tout ce qu'il avait mangé et bu. Il m'a ... laissé un travail.
- Vraiment? dit Aberforth. Un bon travail, je suppose. Agréable? Facile? Le genre de chose qu'un élève sorcier inexpérimenté serait capable de faire les doigts dans le nez?
Ron eut un petit rire grinçant. Hermione avait l'air épuisée.
- C-ce n'est pas facile, non, dit Harry. Mais je dois...
- Tu dois? Pourquoi, tu dois? Il est mort, n'est-ce pas? dit Aberforth rudement. Laisse tomber, mon garçon, avant de suivre ses traces. Sauve toi!
- Je ne peux pas.
- Pourquoi pas?
- Je...
Harry se sentait accablé; il ne pouvait pas expliquer, alors il attaqua à son tour.
- Mais vous vous battez, vous aussi, vous êtes dans l'Ordre du Phénix...
- J'étais, dit Aberforth. L'Ordre du Phénix n'existe plus. Tu-Sais-Qui a gagné, c'est fini, et ceux qui prétendent le contraire tentent de ne pas voir la vérité. Ça ne sera jamais sûr pour toi ici, Potter, il te désire trop. Alors pars, cache-toi, sauve-toi. Et tu ferais mieux de prendre ces deux là avec toi, lança-t-il en désignant du pouce Ron et Hermione. Il seront en danger toute leur vie maintenant que tout le monde sait qu'ils travaillent avec toi.
- Je ne peux pas partir, dit Harry, j'ai un travail...
- Donne le à quelqu'un d'autre!
- Impossible. Ça doit être moi, Dumbledore m'a tout expliqué...
- Oh, il t'a tout expliqué? Et il t'a tout dit, il a été honnête avec toi?
Harry souhaitait de ton son coeur répondre "oui", mais d'une certaine façon, le mot ne voulait pas franchir ses lèvres, et Aberforth sembla comprendre ce à quoi il était en train de penser.
- Je connaissais mon frère, Potter. Il a appris de ma mère à garder des secrets. Des secrets et des mensonges, c'est comme ça qu'on a grandi, et Albus... c'était naturel pour lui.
Les yeux du vieil homme se posèrent sur le tableau de la fille sur la cheminée. C'était, maintenant que Harry y prêtait attention, la seule image de la pièce. Il n'y avait aucune photographie d'Albus Dumbledore, ni de personne d'autre.
- Mr Dumbledore, dit Hermione timidement, c'est votre soeur? Ariana?
- Oui, dit Aberforth laconiquement. Tu as lu Rita Skeeter, pas vrai, jeune fille?
Malgré le peu de lumière que diffusait le feu, il était clair que Hermione avait rougi.
- Elphias Doge nous en a parlé, dit Harry en tentant de rattraper Hermione.
- Ce vieux singe, murmura Aberforth en prenant une autre gorgée de vin. Il pensait vraiment que le soleil brillait par tous les orifices de mon frère. Enfin, c'était le cas de beaucoup de personnes, vous trois compris, apparemment.
Harry resta silencieux. Il ne voulait pas exprimer les doutes et les incertitudes à propos de Dumbledore qui le taraudaient depuis quelques mois à présent. Il avait fait son choix quand il avait gravé la tombe de Dobby, il avait décidé de continuer sur le chemin dangereux et risqué que Dumbledore lui avait indiqué, d'accepter le fait qu'on ne lui avait pas dit tout ce qu'il voulait savoir, mais qu'on lui avait fait confiance. Il n'avait pas envie de douter à nouveau; il ne voulait pas entendre quelque chose qui aurait pu le détourner de la voie qu'il avait choisie. Il rencontra les yeux d'Aberforth, qui était si semblables à ceux de son frère: les yeux d'un bleu intense donnaient la même impression de passer aux rayons X ce qu'ils étaient en train de scruter, et Harry songeait qu'Aberforth savait à quoi il était en train de penser et qu'il le méprisait pour cela.
- Le professeur Dumbledore se souciait vraiment de Harry, dit Hermione à voix basse.
- Vraiment? dit Aberforth. C'est amusant de voir que les gens dont ils se souciaient ont terminé dans un plus mauvais état que s'il les avait laissés se débrouiller tout seuls.
- Qu'est-ce que vous voulez dire? demanda Hemione d'une voix saccadée.
- Peu importe, répondit Aberforth.
- Mais c'est quelque chose de sérieux! dit Hermione. Est-ce que.... est-ce que vous parlez de votre soeur?
Aberforth la fusilla du regard: ses lèvres bougèrent comme s'il était en train de macher les mots qu'il voulait retenir. Puis il se mit à parler.
- Quand ma soeur avait six ans, elle fut attaquée par trois garçons Moldus. Ils l'avaient vue faire de la magie dans le jardin, en l'espionnant à travers la haie du jardin. C'était une enfant, elle ne pouvait pas le contrôler, aucun sorcier ne le peut à cet âge. Ce qu'ils ont vus les a effrayés, je pense. Ils ont forcé leur chemin à travers la haie, et quand ils ont découvert que ce n'était pas une supercherie, ils ont tenté d'arrêter le monstre qui faisait ça.
Les yeux d'Hermione étaient immense à la lumière du feu, et Ron avait l'air légèrement nauséeux. Aberforth se leva, aussi grand qu'Albus, et soudainement terrible dans sa colère et dans l'intensité de sa douleur.
- Ce qu'ils ont fait l'a détruite: elle n'a plus jamais été la même. Elle ne voulait plus utiliser la magie, mais elle ne pouvait pas s'en débarrasser; et finalement ça la rendit folle, la magie explosait de ses mains quand elle ne pouvait pas la contrôler, et dans ces moments, elle était étrange et dangereuse. Mais le plus souvent, elle était douce et effrayée et elle ne voulait de mal à personne.
« Et mon père a cherché les bâtards qui avaient fait ça, dit Aberforth, et les a attaqués. Et ils l'ont enfermé à Azkaban pour ça. Il n'avait jamais dit pourquoi il avait fait ça, parce que le Ministère aurait su ce qu'Ariana était devenue, et elle aurait été enfermée à Ste-Mangouste pour son bien. Ils l'auraient considérée comme une sérieuse menace pour le Secret du Statut International, déséquilibrée comme elle l'était, avec la magie qui explosait de ses mains quand elle ne pouvait plus le retenir.
« On devait la garder en sûreté et au calme. Nous avons déménagé, et fait croire qu’elle était malade, et ma mère était sans cesse avec elle, et tentait de la garder calme et heureuse.
« C’était moi, celui qu’elle préférait, dit-il, et alors qu’il disait ça, l’image d’un écolier crasseux sembla poindre à travers les rides et la barbe d’Aberforth. Pas Albus, il était toujours dans sa chambre quand il était à la maison, à lire des livres, à compter ses prix, à entretenir sa correspondance avec "les noms des mages les plus célèbres de l'époque" railla Aberforth. Lui ne voulait pas être embêté à s’occuper d’elle. Elle me préférait. Je pouvais la faire manger quand ma mère n’y arrivait pas, je pouvais la calmer quand elle était dans une de ses colères, et quand elle était calme, elle m’aidait à nourrir les chèvres.
« Puis elle eut 14 ans... Vous voyez, je n’étais pas là, dit Aberforth. Si j’avais été là, j’aurais pu la calmer. Elle a eu une de ses colères, et ma mère n’était pas aussi jeune qu’elle, et... c’était un accident. Ariana ne pouvait pas se contrôler. Mais ma mère a été tuée.
Harry ressenti un horrible mélange de pitié et de répulsion ; il ne voulait pas en entendre plus, mais Aberforth continua à parler, et Harry se demanda combien de temps s’était écoulé depuis la dernière fois qu’il avait raconté son histoire ; ou même s’il l’avait jamais racontée.
- Et le tour du monde d’Albus avec le petit Doge fut annulé. Ils sont venus tous les deux à la maison pour les funérailles de ma mère et Doge est parti tout seul, et Albus a pris la tête de la famille. Ah !
Aberforth cracha dans le feu.
- J’aurais pu prendre soin d’elle, je lui ai dit, je me moquais de l’école, j’aurais pu rester à la maison et m’occuper d’elle. Il m’a dit que je devais finir mes études et que lui allait s’occuper d’elle. Ça tombait mal pour M. le Génie, il n’avait aucun prix à recevoir pour s’occuper de sa soeur à demi-folle, à l’empêcher de faire exploser la maison chaque jour. Mais il s’en tira bien pendant quelques semaines... jusqu’à ce qu’il arrive.
A présent, un regard indéniablement dangereux gagnait le visage d’Aberforth.
- Grindelwald. Et enfin, mon frère avait un égal, il pouvait parler à quelqu’un d’aussi talentueux que lui l’était. Et il s’occupa moins d’Ariana, si occupé qu’il était par leur plan pour un nouvel ordre de sorciers, et leur recherche des Reliques, et toutes les autres choses qui les intéressaient. Des grands projets pour faire avancer le monde magique, et si une jeune fille était négligée, est-ce que ça comptait, puisqu’Albus travaillait pour le Plus Grand Bien ?
« Mais après quelques semaines de tout ça, j’en avais assez, je ne pouvais plus le supporter. C’était bientôt la rentrée à Poudlard pour moi, alors je leur ai dit, à tous les deux, face à face, comme je suis face à toi en ce moment , » et Aberforth baissa les yeux vers Harry, et celui-ci devait faire appel à son imagination pour le voir comme un adolescent, nerveux et en colère, confontré à son grand frère. « Je lui ai dit, tu ferais mieux d’arrêter maintenant. Tu ne peux pas la déplacer, elle n’est pas assez forte pour ça ; vous ne pouvez pas la prendre avec vous, où que vous ayez l’intention d’aller pour faire vos discours intelligents et vous créer des disciples. Il n’a pas aimé. » dit Aberforth, et ses yeux furent brièvement cachés par la lumière du feu sur les verres de ses lunettes, qui devinrent blancs et aveugles à nouveau. « Grindelwald n’a pas aimé du tout. Il s’est mis en colère. Il m’a dit que j’étais un petit garçon stupide, à essayer de barrer la route à lui et à mon brillant frère... Est-ce que je ne comprenais pas que ma pauvre soeur n’aurait plus à se cacher une fois qu’ils auraient changé le monde, et tiré les sorciers de l’ombre, et qu’ils auraient remis les Moldus à leur place ?
« Et il y a eu une dispute... j’ai sorti ma baguette, il a sorti la sienne, et le meilleur ami de mon frère m’a infligé le sortilège Doloris – et Albus essayait de l’arrêter, et nous étions tous les trois en train de nous battre, et les flashs de lumière et les bruits l’ont effrayée, elle ne pouvait pas le supporter...
La couleur quittait lentement le visage d’Aberforth, comme s’il avait subi une blessure mortelle.
- ... Et je pense qu’elle voulait aider, mais elle ne savait pas vraiment ce qu’elle faisait, et je ne sais pas lequel de nous l’a fait – ça aurait pu être n’importe lequel d’entre nous – et elle était morte.
Sa voix se brisa sur le dernier mot et il se laissa tomber sur la chaise la plus proche. Le visage d’Hermione était mouillé de larmes, et Ron était presque aussi pâle qu’Aberforth. Harry ne ressentait rien d’autre que de la répulsion : il aurait voulu ne pas entendre ça, il aurait voulu laver son esprit de ce qu’il savait à présent.
- Je suis... tellement désolée, murmura Hermione.
- Partie, crossa Aberforth. Partie pour toujours.
Il essuya son nez sur sa manche et s’éclaircit la gorge.
- Bien sûr, Grindelwald a filé sans demander son reste. Il avait déjà des antécédents, de retour dans son pays, et il ne voulait pas être accusé du meurtre d'Ariana en plus. Et Albus était libre, n’est-ce pas? Libre de la charge de sa soeur, libre de devenir le plus grand sorcier du...
- Il n’a jamais été libre, dit Harry.
- Je te demande pardon ? dit Aberforth.
- Jamais, répondit Harry. La nuit ou votre frère est mort, il a bu une potion qui lui a fait perdre l’esprit. Il a commencé à crier, à supplier quelqu’un qui n’était pas là. Ne leur fais pas de mal, s’il te plaît... Blesse-moi à leur place.
Ron et Hermione fixaient Harry. Il n'était jamais entré dans les détails de ce qui était survenu sur l'île sur le lac: ce qui s'était passé une fois que lui et Dumbledore étaient revenus à Poudlard avaient éclipsé tout le reste.
- Il pensait qu'il était de retour à ce moment là avec vous et Grindelwald, je sais que c'était ça, dit Harry en se rappelant Dumbledore murmurant et suppliant. Il pensait qu'il regardait Grindelwald vous blesser, vous et Ariana... c'était une torture pour lui, si vous l'aviez vu, vous n'auriez jamais dit qu'il était libre.
Aberforth sembla perdu dans la contemplation des veines de ses mains noueuses. Après une longue pause, il dit:
- Comment peux-tu être sûr, Potter, que mon frère pas plus intéressé dans le Plus Grand Bien qu'en toi? Comment peux-tu être sûr qu'il ne puisse pas se passer de toi, comme de ma petite soeur?
Un pic de glace sembla percer le coeur de Harry.
- Je n'y crois pas. Dumbledore aimait Harry, dit Hermione.
- Pourquoi lui a-t-il dit de se cacher, alors? rétorqua Aberforth. Pourquoi est-ce qu'il ne lui a pas dit "prends soin de toi, je vais te dire comment survivre" ?
- Parce que, dit Harry avant que Hermione ne puisse répondre, parfois vous devez penser à autre chose qu'à votre propre sécurité! Parfois vous devez penser au Plus Grand Bien! C'est la guerre!
- Tu as 17 ans, mon garçon!
- J'ai l'âge de me battre, et je continuerai à me battre même si vous abandonnez!
- Qui a dit que j'abandonnais?
- "L'Ordre du Phénix n'existe plus", répéta Harry, "Tu-Sais-Qui a gagné, c'est fini, et ceux qui prétendent le contraire tentent de ne pas voir la vérité".
- Je ne dis pas que j'aime ça, mais c'est le cas!
- Non, c'est faux, dit Harry. Votre frère savait comment en finir avec Vous-Savez-Qui, et il m'a transmis son savoir. Et je continuerai à me battre jusqu'à ce que je réussisse – ou que je meure. N'imaginez pas que j'ignore comment ça se terminera. Je le sais depuis des années.
Il attendit qu'Aberforth se moque de lui ou réponde avec colère, mais ce ne fut pas le cas. Il bougea simplement.
- On doit entrer à Poudlard, dit Harry à nouveau. Si vous ne pouvez pas nous aider, on attendra jusqu'au jour, on vous laissera tranquille, et on trouvera un moyen par nous-mêmes. Si vous pouvez nous aider – eh bien, c'est un bon moment pour le dire.
Aberforth resta assis dans sa chaise, fixant Harry avec ses yeux qui étaient tellement semblables à ceux de son frère. Puis il s'éclaircit la gorge, se leva, contourna la petite table et s'approcha du portrait d'Ariana.
- Tu sais quoi faire, dit-il.
Elle sourit, se détourna et s'éloigna, pas comme les personnages dans les tableaux faisaient habituellement, d'un côté du tableau, mais vers ce qui semblait être un long tunnel peint derrière elle. Ils regardèrent la petite silhouette rapetisser jusqu'à ce qu'elle soit finalement avalée par la pénombre.
- Euh... que... commença Ron.
- Il n'y a plus qu'un passage, dit Aberforth. Vous devez savoir que des Détraqueurs gardent tous les vieux passages secrets des deux côtés, font des patrouilles régulières dans l'école, d'après ce que mes sources m'ont dit. Le lieu n'a jamais été aussi gardé. Qu'est-ce que vous avez l'intention de faire, une fois que vous serez là-bas, avec Rogue comme directeur et les Carrows comme députés? ...Enfin, c'est à vous de voir, n'est-ce pas? Vous avez dit que vous étiez préparés à mourir.
- Mais que... dit Hermione en fronçant les sourcils devant le tableau d'Ariana.
Une minuscule tache blanche réapparut au fond du tunnel peint, et à présent Ariana retournait vers eux, grandissant de plus en plus alors qu'elle arrivait. Mais il y avait quelqu'un avec elle à présent, quelqu'un de plus grand qu'elle, qui boîtait et semblait surexcité. Ses cheveux étaient plus long que Harry ne les avait jamais vus. Son visage semblait couvert d'entrailles, et ses vêtements étaient lacérés et déchirés. Les deux silhouettes devenaient de plus en plus grandes, jusqu'à ce que leurs têtes et leurs épaules emplissent le portrait.
Puis le tout pivota contre le mur telle une petite porte, et l'entrée du vrai tunnel fut révélée. Et avec sa figure lacérée, ses robes déchirées, en sorti le vrai Neville Londubat, qui rugit de joie, bondit en dehors de la cheminée et brailla:
- Je savais que vous viendrez! Je le savais, Harry !

lee

Anonyme a dit…

Merci pout ces traduction !

Je venais de m'acheter le 6 et maintenant que je l'ai fini ... Il faut que je m'achete le 7 XD

Mais en attendant, je lis ici ^^

Meme si c'est ilegale et que je me demande pourquoi personne a fermer ce site ...

Ben, merci quand meme ^^